*** ***

jeudi 5 avril 2007

Jalousie

Dans un premier temps, je me suis posé la question du rapport entre la jalousie et l’esprit de possession. La première serait une angoisse sur la fidélité de l’autre et la seconde correspondrait au besoin d’appropriation de l’autre. Mais finalement je pense que c’est la même chose car les jaloux prennent possession de l’autre.

Bien souvent, on considère que la jalousie est un sentiment naturel. D’ailleurs, elle existe dans toutes les cultures. Cependant, selon les individus, les origines de ce sentiment peuvent être diverses : manque de confiance en soi ou en l’autre, projection de ses propres fantasmes, refoulement de ses peurs de la vie, etc… Finalement on peut considérer que tout ce qui est attribué à l’autre n’est que le reflet d’une pulsion propre à soi même.

Dans cette vision : la jalousie est naturelle, Freud n’écrivait-il pas qu’il est normal d’éprouver de la jalousie. Selon lui, ce serait même un besoin ! Il distinguait ainsi trois formes de jalousie. La jalousie normale, concurrentielle : lorsque le partenaire est inconsciemment identifié à la mère ou le père. Le jaloux éprouve alors une sorte de peur de perdre le sein maternel. La jalousie projetée : lorsque le jaloux soupçonne l'autre car il est lui-même infidèle. La jalousie délirante : pour Freud, il s'agit d'une sorte de dénégation de son homosexualité, « Je ne l'aime pas car c'est un homme, mais c'est ma femme qui l'aime ».

Les spécialistes soulignent aujourd'hui que ce sentiment peut trouver une explication plus simple, telle que le manque de confiance en soi. Le jaloux doute de son potentiel de séduction. Lorsque l'on a suffisamment confiance en soi, on projette en général sa confiance sur l'autre. Il pourrait également s'agir dans certains cas d'une « angoisse de fusion ». Le jaloux a peur de perdre son identité dans le couple et cherche donc une tierce personne pour se rassurer. La jalousie lui permet en quelque sorte de conserver son autonomie, d'exister.

Ainsi les jaloux sont en fait des anxieux qui doutent d'eux même, choisissent des partenaires qui exacerbent ce sentiment. Afin de se rassurer, ils se mettent en couple avec des femmes attrayantes, voire même séductrices. Celles-ci se caractériseront alors par une sociabilité qui va exacerber finalement le sentiment de jalousie ! Il arrive même que cette jalousie soit positivité par l’autre car il devient, alors, le centre d'intérêt exclusif !

Mais que peut-on trouver dans un lien qui est fondé sur un équilibre précaire et vicié. Et, dans ce sens, je préfère me rapprocher de Beaumarchais qui écrivait : « La jalousie n'est qu'un sot enfant de l'orgueil, ou c'est la maladie d'un fou. »

Dans mon esprit, les choses sont très claires voire un peu définitives. Cependant je suis prêt à progresser sur ce chapitre. En effet, je pense que la jalousie, à l’inverse de ce qui est couramment admis, n’est pas une preuve d’amour mais tout à fait le contraire.

Mais cela m’oblige à redonner une définition de l’amour. Pour moi l’amour est don et uniquement don, ainsi que le dit la chanson : « Donner sans espoir de retour ». Donner pour en attendre quelque chose en retour c’est de l’échange de bons procédés, c’est du commerce, c’est du troc, c’est tout ce que l’on veut mais pas de l’amour. Lorsqu’une mère donne sa vie pour sauver son enfant où serait le retour attendu ?

Ainsi, si on étend cela à la jalousie, comment se développe-t-elle ? On est frustré de ce que l’autre puisse donner quelque chose à quelqu’un d’autre : son amitié, son corps, son affection, sa tendresse voire son amour. Mais cette frustration est plus une attaque à son ego qu’une réaction saine. La jalousie c’est plus s’aimer soi-même qu’aimer l’autre. L’amour ne peut se concevoir que dans la liberté, sa propre liberté et celle de l’être aimé. Dès que l’on refuse que l’autre puisse vivre comme il veut vivre, on lui met des chaînes. Les seules chaînes acceptables en amour sont celles que l’on s’autorise à soi-même (au figuré ou même au propre … une expérience !)

Aimer l’autre pour lui et vouloir son bonheur empêche toute jalousie mais cela n’empêche pas la souffrance qui peut être liée à une relation que l’autre veut entretenir avec autrui et qui ne nous convient pas. Soit ! mais nous nous devons de l’accepter car en cela nous acceptons sa liberté.

Et si cette situation ne nous convient pas, que faire ?

2 commentaires:

BLOmiG a dit…

salut,
très intéressant, ce billet.
Pour moi la jalousie est une forme de possession qui va avec le début d'une histoire, au maximum du désir. L'amour évolue par la suite pour devenir plus doux, et plus proche du don.
Au début d'une histoire, il est normal d'être très jaloux, je pense (je dois être le seul à posséder cet objet de désir). Puis, on apprend à aimer avant tout le bonheur de l'autre, son épanouissement, et il passe bien sûr par d'autres que par nous.
a+

Anonyme a dit…

D'accord avec lomig...
La communication (qui fait la relation), et pas seulement le don comme tu dis, implique que deux personnes apprennent à se connaître et que celui qui donne accepte aussi de se dévoiler, angoisses comprises....attention au don qui empêcherait l'échange, comme une posture de supériorité pour écraser l'autre ou une défense pour protéger son image?!
Vivons tiens!
Contente de faire ta connaissance.