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vendredi 6 avril 2007

Dialogue imaginaire

Socrate et Glaucon marchent côte à côte dans un jardin où les oliviers donnent une couleur gris-vert à l'ambiance de cette fin de journée. Il a fait chaud et le sol rayonne fortement pendant que la brise de mer rafraîchit les corps et les esprits.
  • Dis-moi, Socrate, as-tu déjà aimé au point où tu en aurais perdu ta philosophie ?
  • En quoi ma réponse pourrait-elle t'aider à comprendre l'amour, mon cher Glaucon ?
  • Je ne cherche pas à comprendre l'amour mais simplement à comprendre l'homme, cela me semble plus simple.
  • Crois-tu ? Je vais te raconter une histoire qui devrait t'édifier !
Il était une fois un homme qui était tellement amoureux d'une femme que sa vie en était transformée. Chaque instant de sa journée était consacré à la servir, la choyer ou, si elle n'était pas là, à penser à elle, à lui écrire des lettres. Mais cette femme souffrait au plus profond de son être.

Alors, cet homme la protégea, lui apporta le réconfort pour l’aider à traverser les écueils de son âme, se dévoua pour l’aider. A force d’amour et d’abnégation, la femme allait de mieux en mieux. Jusqu’au jour où, définitivement sortie du labyrinthe où elle s’était égarée, elle prit son envol et recouvrit sa liberté.

De ce jour, pour lui les choses changèrent. Il avait tellement consacré sa vie à cette tendre amie qu’il n’avait plus de ressort car elle s’éloignait de lui, progressivement, inexorablement. Il se sentait inutile. Elle avait retrouvé sa liberté et dans un égocentrisme puissant, elle se désintéressait de son sort. Ne s’apercevant pas qu’il souffrait, elle ne lui offrait aucun soutien pour, à son tour, l’aider à se sortir du marais de ses pensées.

C’est ainsi, qu’il sombrait progressivement vers un néant profond. C’est à ce moment que je l’ai rencontré et que je lui ai dit ce qui suit :
  • Tu dois regarder devant toi car le passé n’existe plus et tu dois construire ton futur. Les plaies qui se sont ouvertes ne se refermeront pas seules surtout si, comme tu me le dis, elles sont d’une profondeur insondable. Dis-toi que tu as eu la chance d’aimer et qu’en cela tu as été vivant. Et, si tu l’aimes vraiment, pardonne et avance.
Alors il me répondit :
  • Ecoute, Socrate, je suis au bord du gouffre et tu me dis d’avancer. Je ne vois aucun pont qui me permette de traverser le précipice. Elle seule peut construire ce pont et elle s’est éloignée de moi pour vivre une autre vie.
  • Ne sois pas pessimiste, lui dis-je, car tu es vigoureux et les plaies qui se sont ouvertes se refermeront. Passe ton chemin, oublie-la et garde le souvenir des moments heureux.

Après avoir raconté cette histoire, le dialogue entre Socrate et Glaucon reprit :
  • Tu vois, mon cher Glaucon que j’ai connu l’amour.
  • Je ne comprends pas, Socrate, il ne s’agit pas de toi !
  • Si, car tout ce dialogue que j’ai tenu, l’était avec mon image qui se reflétait dans un miroir. Nous sommes les pires ennemis de nous-mêmes.
  • Alors, quelle leçon en tires-tu, Socrate ?
  • Je dirai ainsi que la meilleure méthode pour oublier les égoïsmes serait de vivre avec soi-même une vie intense. Mais tu as bien compris que l’intensité de ma vie était dans l’intensité de ce lien. Alors depuis, je développe mon intelligence des hommes (et des femmes), mon courage face à la vie et mon espoir dans l’humanité.
Sur ces paroles, Glaucon s’approcha de Socrate et dans un élan d’affection le pris dans ses bras et le serra fort pour lui montrer qu’il avait eu raison de croire en l’humanité.

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